Petit Pays. Ou la fin de l’innocence. (Goncourt des lycéens2016)
Enfin, voilà un livre. Et quel livre. Magnifique et bouleversant...Si
vous avez un livre en chantier, fermez le, mettez en pause, et courrez
acheter celui-là.
Gaël Fays, plus connu comme rappeur de St
Quentin en Yvelines, nous emmène au Burundi, petit pays de son enfance
au cœur de l’Afrique colonisée. Il nous fait découvrir les bords du lac
Tanganyika, les manguiers, la bière de banane, la musique de Khadja
Nin, les petits cafés brousses où tout le monde se réunit pour palabrer
gentiment, ses copains d’écoles et de bêtises, son père français, sa
mère rwandaise, l’insouciance. Comme il dit, «le début de la fin du
bonheur ». Mais il y a pour son salut, Mme Economopoulos, qui lui donne
le goût des livres: " Bien sur que les livres peuvent changer ta vie,
comme un coup de foudre. Ce sont des genies endormis"
Car sa mère, sa famille est Tutsi. Pour son malheur. De sa belle
écriture, car c’est vraiment magnifiquement écrit, il nous raconte son
pays avant l’horreur. Puis inévitablement c’est l’apocalypse qu’Il nous
décrit, avec sensibilité, sans tomber dans les descriptions
insupportables,et comment cet enfant en vient à découvrir l’absurdité de
ce monde. Alors que ses parents se déchirent, que ses amis rejoignent
la barbarie, et que lui même sera contraint au pire du pire.
" Mon ami Pacifique était là, étalé dans l'herbe, Le gardien m'a raconté qu'en arrivant à Gitarama, il avait découvert toute sa famille assassinée dans la cour de leur maison. Des voisins Tutsis qui avaient échappé au massacre accusaient un groupe de Hutu d'avoir commis ce crime. Pacifique les a retrouvé. Une femme portait la robe qu'il avait offert à Jeanne pour leurs fiancailles.Il est devenu fou et a vidé son chargeur sur le groupe. Puis il a été immédiatement condamné à mort et fusillé."
La fin du livre est réellement exceptionnelle, et si vous n’avez pas les larmes aux yeux en le refermant, consultez d’urgence.
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