Le blog de Pat Lagachette

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jeudi 5 janvier 2017

La voix des vagues-Jackie Copleton( 5/5)




Un seul mot. Magnifique. Un grand livre romanesque, tragique, construit comme un thriller, sensuel et romantique avec en toile de fond l’une des plus grandes tragédies de l’humanité.

Amaterasu reçoit la visite pour le moins inattendue d’un  inconnu au visage défiguré se présentant  comme son petit fils. C’est le choc, terrible, pour cette vielle dame seule, survivante de Nagasaki, où le 9 Aout 1945, un B29 déclencha l’apocalypse à 580 m au dessus d’Urakami, quartier central de la ville de l’ile de  Kyushu au sud du japon. C’est dans ce quartier que sa fille Yuko, et son petit fils Hideo disparaitront dans l’enfer nucléaire. Alors quand 50 ans plus tard, Hideo ressurgit de ce passé  si difficilement  enfoui dans les coffres forts de sa mémoire, Ama ne peux  s’y résoudre.

Amaterasu, depuis la mort de son mari il y a 9 ans, vit dans la culpabilité, se reprochant la mort de sa fille et d’Hideo. Les causes mystérieuses de cette culpabilité s’entremêleront dans une épopée familiale racontée en cascade au fur et à mesure qu’elle nous lit les mots de Yuko et de Sato, ami de Kenzo, médecin séducteur tourmenté par les fantômes de la guerre, qui séduira la jeune femme, scellant son destin et celui de sa mère. Les  lettres de Sato, l’amant de sa fille, et le journal intime de celle-ci vont révéler  les secrets et mensonges de toute une vie, pour nous faire découvrir les multiples faces, souvent troubles, voir ténébreuses, de chacun. 

Jackie Copleton, dans un premier roman, beau et émouvant, nous donne une  formidable description du  Nagasaki des années 20 où l’on découvre l’histoire d’Amaterasu et de Kenzo, son défunt mari , celle du japon des années 30  nous révélant les amours interdits de Yuko et le destin tragique de cette jolie adolescente ,et ce qui sera l’arrière plan de cette fresque historique : le « picadon ». 
Les japonais n’avaient pas mot pour décrire l’horreur, ce flash et ce bang infernal, ils en ont inventé un. Picadon, mot tabou résonnant comme le glas, appartenant aux survivants de la bombe, symboles meurtris et honteux de la défaite déshonorante de l’empire Nippon.

Au sein de ce roman non linéaire, plein de poésie, captivant comme un polar, plusieurs drames mystérieux s’entremêlent sur trois générations, jusqu’au dénouement final délivrant une révélation terrible et fracassante, qui m’a coupé la respiration et mis au tapis.
Hideo est il vraiment son petit fils ? Pourquoi Ama est elle rongé par le remord ?  Sont-ils vraiment morts ce 9 aout ? Qui est vraiment Sato, et aimait il réellement Yuko ? Qu’est devenu Shige, l’époux de Yuko disparu dans la guerre du pacifique? Quels secrets d’enfance Ama refoulent-elles désespérément ?

Un livre qu’on ne lâche plus une fois commencé, qui nous parle de la mémoire, de la culpabilité, de la vérité et du pardon. Un très grand roman d’amour, sensuel et romantique, mais aussi un magnifique roman historique sur cette ville martyre au destin trop souvent camouflé par celui de sa sœur Hiroshima. Et enfin un livre qui nous interroge. Faut il vraiment ouvrir la boite de Pandore du passé quand celui ci  est aussi chargé de drame et de révélation aux conséquences fulgurantes, faut il  remuer la boue au risque de faire voler en éclat une vie familiale fragile déjà si difficile à construire.

« La voix des vagues
Qui se dressent devant moi
N’est pas aussi forte
Que mes sanglots,
D’avoir été abandonné. »


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