Un seul mot. Magnifique. Un grand
livre romanesque, tragique, construit comme un thriller, sensuel et romantique avec
en toile de fond l’une des plus grandes tragédies de l’humanité.
Amaterasu reçoit la visite pour
le moins inattendue d’un inconnu au
visage défiguré se présentant comme son
petit fils. C’est le choc, terrible, pour cette vielle dame seule, survivante de
Nagasaki, où le 9 Aout 1945, un B29 déclencha l’apocalypse à 580 m au dessus d’Urakami,
quartier central de la ville de l’ile de Kyushu au sud du japon. C’est dans ce quartier
que sa fille Yuko, et son petit fils Hideo disparaitront dans l’enfer nucléaire.
Alors quand 50 ans plus tard, Hideo ressurgit de ce passé si difficilement enfoui dans les coffres forts de sa mémoire, Ama
ne peux s’y résoudre.
Amaterasu, depuis la mort de son
mari il y a 9 ans, vit dans la culpabilité, se reprochant la mort de sa fille
et d’Hideo. Les causes mystérieuses de cette culpabilité s’entremêleront dans
une épopée familiale racontée en cascade au fur et à mesure qu’elle nous lit les
mots de Yuko et de Sato, ami de Kenzo, médecin séducteur tourmenté par les fantômes
de la guerre, qui séduira la jeune femme, scellant son destin et celui de sa
mère. Les lettres de Sato, l’amant de sa fille, et le
journal intime de celle-ci vont révéler
les secrets et mensonges de toute une vie, pour nous faire découvrir les
multiples faces, souvent troubles, voir ténébreuses, de chacun.
Jackie Copleton, dans un premier
roman, beau et émouvant, nous donne une formidable
description du Nagasaki des années 20 où
l’on découvre l’histoire d’Amaterasu et de Kenzo, son défunt mari , celle du
japon des années 30 nous révélant les
amours interdits de Yuko et le destin tragique de cette jolie adolescente ,et
ce qui sera l’arrière plan de cette fresque historique : le « picadon ».
Les japonais n’avaient pas mot pour décrire l’horreur, ce flash et ce bang infernal,
ils en ont inventé un. Picadon, mot tabou résonnant comme le glas,
appartenant aux survivants de la bombe, symboles meurtris et honteux de la défaite
déshonorante de l’empire Nippon.
Au sein de ce roman non linéaire,
plein de poésie, captivant comme un polar, plusieurs drames mystérieux s’entremêlent
sur trois générations, jusqu’au dénouement final délivrant une révélation
terrible et fracassante, qui m’a coupé la respiration et mis au tapis.
Hideo est il vraiment son petit
fils ? Pourquoi Ama est elle rongé par le remord ? Sont-ils vraiment morts ce 9 aout ? Qui
est vraiment Sato, et aimait il réellement Yuko ? Qu’est devenu Shige, l’époux
de Yuko disparu dans la guerre du pacifique? Quels secrets d’enfance Ama refoulent-elles
désespérément ?
Un livre qu’on ne lâche plus une
fois commencé, qui nous parle de la mémoire, de la culpabilité, de la vérité et
du pardon. Un très grand roman d’amour, sensuel et romantique, mais aussi un
magnifique roman historique sur cette ville martyre au destin trop souvent
camouflé par celui de sa sœur Hiroshima. Et enfin un livre qui nous interroge.
Faut il vraiment ouvrir la boite de Pandore du passé quand celui ci est aussi chargé de drame et de révélation aux
conséquences fulgurantes, faut il remuer
la boue au risque de faire voler en éclat une vie familiale fragile déjà si
difficile à construire.
« La voix des vagues
Qui se dressent devant moi
N’est pas aussi forte
Que mes sanglots,
D’avoir été abandonné. »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire